Sorrow's birthdaY
(1995)

Composé entre 1993 et 1995, "Sorrow's birthdaY" est un album entièrement écrit et produit avec un séquenceur, un logiciel  contrôlant des synthétiseurs. Chaque morceau est d'ailleurs nommé "séquence" découpant des tranches de vie intime à la manière d'un spectacle : l'angoisse, la nostalgie, l'énergie de la fête, la joie, la douceur... L'album va alterner entre authenticité et artificialité -des sons et des arrangements- pour signifier la lutte de notre esprit sur l'emprise machinale.

Nos vies quotidiennes sont tellement "comblées" d'objets réels ou virtuels produits par la société marchande que l'on peut se demander si nous ne sommes pas devenus machine parmi les machines, même dans notre temps libre de loisirs.  Les "divertissements" sont en grande partie fabriqués par des machines (conceptuelles, techniques et algorithmiques) -ceci incluant nos relations sociales-, et il est important de s'interroger sur la nature même de nos émotions face à leur nature.

Notre humanité est-elle à l'image de la pochette -un dessin de Van Gogh intitulé "Sorrow" représentant une femme nue et décharnée- appauvrie, humiliée, écrasée par les stimuli quasi-pavloviens des machines médiatiques, par les calculs surpuissants des algorithmes, par l'illusion parfaite du monde virtuel ? L'album ne tranche pas, il exprime simplement ceci : notre esprit peut donner l'impression de disparaître, de devenir le jouet de machines qui, non seulement perdureront mais gagneront en puissance sur un temps infiniment plus long que nos vies abrégées toujours recommencées par d'autres, mais il ne survit que s'il puise sa force dans la profondeur de son authentique étrangeté.

Diffusé à partir de 2006 sur la plate-forme Jamendo, cet album a été intégralement réenregistré en 2015 avec de nouveaux instruments virtuels. Cette dernière version est proposée ici.

L'album en morceaux (à partir d'un ordinateur)

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Première séquence : Indéfini

Une guitare stridule sur un martèlement sec au piano : l'angoisse de l'inconnu et de l'indéfinissable, le cri et les battements du coeur.

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Deuxième séquence : été

Un espace largement ouvert où les sons se réverbèrent comme sur la mer. Puis le soleil écrasant d'un synthétiseur et le rythme effréné de la jouissance alternent avec le sentiment de vide où instruments acoustiques et électroniques se mêlent dans une même réverbération.

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Troisième séquence : dimanche

Une musique d'automate très articulée fait sonner des cloches. La douceur semble machinale, artificielle, inaccessible. Vient le soir et sa nostalgie du jour écoulé sans doute aussi factice.


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Quatrième séquence : nuit

La nuit calme et profonde est progressivement déchirée par le bruit de la fête qui finit par envahir tout l'espace dans un crescendo dionysiaque d'instruments jouant tous ensemble.


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Cinquième séquence : boîte

Un synthétiseur mécanique imitant un orgue de barbarie évoque un passé fictionnel. Puis, la machine à danser se lance, répétitive, insistante, manipulant une clarinette et un basson sans expression.


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Sixième séquence : accident

Une ambiance glauque de film noir laisse la place à un style jazzy et cool. Puis l'histoire se déroule jusqu'à l'issue absurde et fatale.


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Septième séquence : jours anciens

Le morceau débute dans une atmosphère étrange et irréelle. Puis une boîte à musique, signifiant un passé doux et lointain, est rapidement absorbée par un flot de musique synthétique. Tout au long de la séquence, la composition alternera entre "électronique" et "acoustique", les superposant parfois dans une lutte pour la prédominance. L'étrangeté acoustique finit par l'emporter. 

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huitième séquence : près de la rivière

Morceau dynamique et enjoué, quelque chose s'est libéré, la menace "machinale" s'est éloigné. 

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neuvième séquence : soleil

Retour de l'angoisse. La boucle électronique qui ceinture le morceau menace la mélodie du saxophone. Ce-dernier finit tout de même par l'emporter dans les dernières mesures.

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dixième séquence : résumé

Ce dernier morceau est une lutte continuelle entre le riff de basse électronique, la guitare électrique, les cuivres synthétiques et acoustiques ainsi que d'autres instruments (orgue, piano). 

Ecouter l'album en entier (49 minutes) à partir d'un ordinateur

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